Voici un plat d’hiver, adapté à une activité physique importante du type ski de fond, bûcheronnage, déneigement. Aujourd’hui, 30 avril, nous avons consacré toute la journée au jardinage, notamment la taille des haies, qui en ont pris un sacré coup !
A midi, il faisait 10° seulement, avec un petit vent frais, qui justifiait sans aucun doute le paipet fier.
Plat unique (ne vous cassez pas la tête à trouver une entrée, une salade de cramaillots suffira), il est originaire de la région de Montbéliard, et est très peu adapté aux régimes minceurs.
La photo à elle seule exprime le terme paipet, qui désigne une consistance un peu explosée et sans tenue. « Arrête de faire du paipet avec tes haricots » dit-on à un enfant qui s’amuse à écraser à la fourchette le contenu de son assiette qu’on souhaite le voir manger.
Fier est un adjectif désignant à la perfection le goût caractéristique de la pomme pas mûre volée sur un arbre et dans laquelle on mord à pleines dents : 2 secondes plus tard, une grimace déforme le visage et l’on dit « pouah ! elle est fière ! »
C’était le quart d’heure « Les papous dans la tête », mais je vous confirme l’existence de ces termes et la justesse sémiologique de mes explications.
Et maintenant sans plus attendre, la recette :
Pour 6 personnes environ:
Faire cuire un bon kilo de pommes de terre fermes en robe de chambre* (des amandines par exemple). Les sortir de l’eau, les peler et les couper en rondelles. Ensuite, mettre à cuire deux saucisses de Montbéliard au cumin dans un litre d’eau pendant 15 minutes à partir de l’ébullition. Faire également trois œufs durs.
Pendant que tout ce petit monde cuit, faire blondir un oignon dans 50 grammes de beurre dans une grande casserole (elle devra être capable d’accueillir tous les ingrédients précédents le moment venu). Rajouter deux cuillères à soupe de farine et mélanger pendant une minute. Le moment capital arrive: sortir les saucisses de l’eau et verser l’eau de cuisson des saucisses dans la casserole pour obtenir un roux très clair. La moitié du parfum vient de là. Y ajouter des aromates : une branche de sarriette ou de thym, une feuille de laurier, du poivre, une gousse d’ail et quatre clous de girofle. Laisser cuire un petit moment. Si l’ensemble est liquide, ce n’est pas grave: on va maintenant rajouter les pommes de terre et du sel. Le roux va épaissir en présence des pommes de terre. Laisser mijoter un quart d’heure.
En fin de cuisson, rajouter les saucisses et les œufs coupés en rondelles et, deuxième moitié du parfum, verser deux cuillères à soupe de vinaigre (du bon!) dans le tout. Le paipet est désormais fier! Mélanger un peu le tout et servir immédiatement dans la casserole, c’est meilleur servi brûlant.
C’est un plat très simple à préparer, surtout quand on doit cuisiner pour beaucoup. Les enfants adorent ça en général. Je n’ai en fait encore rencontré personne qui ne trouve pas ça bon. Ça se réchauffe très bien qui plus est. Servi avec une salade de pissenlits, c’est le plat le plus typique du Pays de Montbéliard.
* On dit « en robe des champs » en général, mais soyons indulgents avec les parlers locaux, très locaux